Le déploiement du télétravail demeure perfectible, tandis que se profile la semaine en 4 jours...

Le comité de suivi (COSUI) sur le Télétravail, qui s'est réuni le 2 mai 2024, intervient six mois après l'accord du 16 novembre 2023. Pendant ce temps, les nouvelles modalités du télétravail ont été largement diffusées au sein de notre administration. Pour autant, sa mise en œuvre reste laborieuse par endroits.


Quel bilan depuis le 1er janvier 2023 ?

Une grande majorité des personnels qui ne pratiquent pas le télétravail aspirent à bénéficier de ce mode d’organisation. Par ailleurs, nombreux sont les actuels télétravailleurs qui désirent voir augmenter leur quotité de télétravail. Pourtant, entre le 1er janvier 2023 et le 31 mars 2024, le nombre de télétravailleurs n'a augmenté que modestement (+ 290 employés), sans même atteindre le seuil des 6000 agents.

Surtout, la cartographie du télétravail reste très hétérogène.

Dans les régions où il semble efficace, comme en Occitanie ou en Île-de-France par exemple, la pratique s'est bien intégrée dans les services. Les agents expriment une grande satisfaction vis-à-vis de ce mode d'organisation. Ils saisissent l'importance d'une démarche collective dans cette réflexion. La nécessité d'une journée de présence physique est bien établie pour la diffusion des instructions, le maintien de l'esprit d'équipe et la détection des problèmes. Les agents font preuve d'une réelle autonomie. En Île-de-France, l'initiative d'un « réseau d'ambassadeurs » a été lancée pour accompagner les collègues dans l'adoption du numérique et des outils de collaboration. L’UNSA Douanes suggère d’ailleurs que cette initiative fasse école.

À l'opposé de ces exemples « idéaux », certains services rencontrent des difficultés dans la mise en œuvre du télétravail, qui ne s'y implante pas ou ne s'améliore pas. Plusieurs facteurs contribuent à cette situation : la résistance continue des encadrants, les problèmes au sein des équipes, les employés qui hésitent à demander à télétravailler, voire le manque d’effectifs qui ne permet pas aux agents d’être en dehors de leur structure...

En outre, une direction interrégionale, ou même régionale, n’est peut-être pas la meilleure échelle pour apprécier la mise en œuvre du télétravail. L’harmonisation doit plutôt être réalisée au niveau national. Prenons l’exemple de la DIPA : si le nouveau DI a soufflé un vent plus favorable sur le télétravail, certains cadres locaux continuent de faire de la résistance.
 

Face à ce constat, l'Administration suggère de renforcer la formation des cadres. Pour l'UNSA Douanes, cela est essentiel, mais il est également crucial de résoudre les problèmes collectifs et de poursuivre l'éducation de tous afin de faire évoluer les mentalités. Le télétravail n'est pas synonyme de congés ou de récupérations ; c'est une activité réalisée dans de meilleures conditions de concentration, en évitant le temps perdu dans les transports et la fatigue qui en résulte, tout en augmentant la disponibilité des agents. En effet, 94% des personnes en télétravail rapportent une expérience positive de cette pratique.
 

Le kit du télétravailleur est-il bien déployé ?

Les services FIN2 et SI3 ont consulté les marchés afin de concrétiser rapidement le récent accord en douane. Le financement englobe non seulement l'équipement, mais aussi les formations et les outils collaboratifs, dotation et accompagnement que l'UNSA Douanes a constamment soutenus.

Nous apprenons que 1200 fauteuils ont d’ores et déjà été distribués, au prorata du nombre de télétravailleurs dans chaque DI. Ces fauteuils, comme le petit matériel (port USB, casque audio, etc.), sont attribués à titre personnel et les agents pourront les conserver en cas de départ suite à mutation ou retraite.

Le renouvellement des écrans et des ordinateurs s’effectuera normalement, dans le cadre du renouvellement périodique du parc informatique. Concernant les problèmes de softphonie (Avaya), la DG préconise la rédaction d’un OLGA (notons au passage la charge de travail supplémentaire pour les TSI...) et se dit prête à mettre en place le sous-titrage pour les personnes malentendantes.

L’UNSA Douanes a interpellé l’administration sur l’équipement en double dotation à destination des télétravailleurs en situation de handicap et l’acheminent des fauteuils sur les lieux de télétravail. Nous insistons auprès des agents ayant besoin d’un fauteuil ergonomique, de soumettre leur demande auprès du médecin du travail.

Par ailleurs, nous avons rappelé la nécessité de fournir aux télétravailleurs un lecteur de carte Rossignol dédié, une mesure à laquelle l'administration semble réceptive, envisageant un équipement progressif et sur demande.

Enfin, il est utile de savoir que la DG peut s’appuyer sur le FDAT (Fonds d’Accompagnement du Télétravail), qui contribue au financement du télétravail. Nous déplorons cependant que son budget 2024 n’ait pas encore été communiqué, d’autant plus que la fameuse économie budgétaire des 10Mds imposera des priorités.

Quelles sont les statistiques sur la mise en œuvre du télétravail ?

L’administration s’est contentée de fournir les statistiques de mars 2024 (voir tableau infra), ce qui ne permet pas de constater comment évolue la répartition du télétravail. Ce manque de transparence laisse la place à toute spéculation...
 

En mars 2024, les agents des douanes ont télétravaillé en moyenne 1,3 jour par semaine. Le vendredi est le jour majoritairement choisi pour télétravailler devant le mercredi. À l’inverse, le Mardi est le jour le moins sollicité. 

Il est à noter qu’en 2023, ainsi qu’au premier trimestre 2024, aucun recours n’a été introduit contre un refus d’autorisation de télétravail. L’analyse via Sirhius du flux de validation des demandes au fil de l’eau (dépôt de jours flottants) ne fait pas apparaître de refus de la part des chefs de service. Cependant, il convient de ne pas se réjouir trop hâtivement. Nous savons que dans certains cas, des « recommandations » sont formulées avant le dépôt des demandes pour qu'elles soient rédigées de manière à ne pas être refusées. Dans ces conditions, il est évidemment impossible de produire des statistiques fiables.
 


Focus sur la semaine de 4 jours :

Alors que la Fonction Publique veut expérimenter ce mode de fonctionnement dès septembre, mais notre administration ne fait que débuter seulement sa consultation auprès des organisations syndicales. En parallèle, un groupe ministériel planche déjà sur le sujet en ce début mai. La DG s’en emparerait dès juin. Pour l’heure, aucun service n’a été retenu pour mener cette observation.

La semaine en 4 jours mobilisera les Formation Spécialisées et les acteurs de préventions locaux, car il s’agit d’un changement dans l’organisation du travail qui ne sera pas sans incidences sur les RTT et le télétravail.

Si l’administration n’envisageait son déploiement que dans les services administratifs, l’UNSA Douanes est intervenue pour défendre une expérimentation en Surveillance.

En effet, de plus longs services répartis uniquement sur 4 jours seront moins fatigants et éviteront aux agents d’avoir à « repiquer » trop souvent. Les collègues seront aussi plus opérationnels par rapport aux prises de service, temps de rapport et de trajets pour se rendre sur les points de contrôle.

L’administration a retenu notre argumentation, d’autant plus que le dispositif existe déjà en police.


 

 

GT/CSA-FS