Madame la Directrice générale,
Cette fois-ci c’est la bonne, vous voici en terre lyonnaise pour propager la mauvaise parole et assurer le service après-vente de vos réformes mortifères pour la douane.
Nul doute que vous aurez trouvé sur votre passage des collègues rongeant leur frein pour ne pas éclater et vous dire vos quatre vérités, nul doute qu’une tension certaine aura été palpable, mais ils auront sans doute été obligés de faire bonne figure.
Pas de chance pour vous, nous, nous ne sommes pas tenus au même silence.
En d’autres temps, nous serions venus discuter avec vous, échanger sur les dossiers plus ou moins chauds dans notre DI ou sur le plan national. Dans un élan incontrôlé, nous aurions même pu vous souhaiter la bienvenue, pas cette fois, il n’en sera rien.
Franchement, à quoi ça servirait de venir vous rencontrer ?
Croyez-vous une seule seconde que nous attendons la fabuleuse liste des 100 collègues polyrestructurés qui obtiendront la mirifique prime ?
Pensez-vous que nous en sommes à spéculer sur ce que nous ferons de l’aumône ministérielle au lieu d’un abondement indemnitaire ?
Non, madame la directrice générale non-douanière, nos préoccupations premières vont toujours vers les centaines de douaniers qui subissent chaque jour tous les effets dévastateurs de votre gestion.
C’est pourquoi, vous aurez constaté que nos chaises sont vides.
Après l’annonce qui vous a été faite il y a 3 jours à peine, à Paris de rompre tout dialogue social, ce n’est pas avec nous que vous allez pouvoir cocher cette case.
Aussi plutôt que de venir à Lyon, nous avons rédigé cette lettre ouverte dont nos collègues auront eu la primeur. Hé oui, autres temps, autres mœurs.
Il faut dire que nous sommes allés à bonne école et que nous apprenons vite. Le coup de fourbe du ministre qui s’adresse aux agents avant même d’engager la discussion avec nos élus nationaux, nous a largement inspiré.
Tant que nous en sommes à parler de communication, comment ne pas saluer votre superbe vidéo aux effets spéciaux remarquables, dignes d’un Steven Spielberg au mieux de sa forme ? Soulignons juste un petit détail qui gâche tout : un monologue totalement nauséabond.
Le « ayez confiance », que vous avez joué aux douaniers est ébouriffant.
Si nous n’étions pas dans une période post-LDG, post-négociations sur l’accompagnement social et pré-cataclysmique pour notre Maison, on aurait pu y croire. Mais après avoir usé jusqu’à la corde la confiance des agents, votre crédit n’existe plus.
Votre discours ne tient pas une seule seconde face à la froideur des chiffres. Vous annoncez « un acquis sans précédent » avec la stabilité de nos emplois jusqu’en 2025 à périmètre constant de nos missions et votre patron annonce en CTM, -276 emplois pour 2022. Qui ment ?
Vous vous targuez de doter la douane de moyens supplémentaires, mais vous vous gardez bien de dire qu’en fait, vous reprenez à votre compte les acquits des négociations passées.
Faire un tel tapage d’un contrat mort-né, car né avant les élections majeures pour le pays, est indécent et une insulte grave faite à l’intelligence des agents.
Alors que nous approchons de la trêve des confiseurs, nous aurions bien aimé, terminer tranquillement cette année 2021, mais pour les douaniers, « le Père Noël est une ordure » et nous continuerons de lutter contre votre action ravageuse pour la Douane.
Lyon, le 16 décembre 2021