Lab Aura: Avis de tempête sociale en vue ?
Affirmer qu’il faut moderniser la Surveillance terrestre est enfin devenue une évidence, même pour la direction générale. Nos instructions-cadre datent du 20ème siècle et sont souvent obsolètes ou dépassées. C’est l’une des raisons qui pousse L’UNSA Douanes à réclamer, depuis (bien) très longtemps, l’ouverture d’un cycle de GT sur la Surveillance.
Alors quand la DG se décide enfin à vouloir rompre son immobilisme coupable en lançant une expérimentation, nous ne sommes pas de prime abord réfractaires à l’idée, encore faut-il en définir la méthode. Pour lancer cette expérimentation, il y a deux méthodes :
- la première : objective et ouverte
- la seconde : à charge et technocratique.
Et ce qui devait arriver... arriva... Encore une fois la DG a fait le mauvais choix.
Il est vrai que la première méthode exige une parfaite connaissance du terrain, une maîtrise de l’encadrement et une bonne dose de bon sens, quand la seconde repose sur le postulat de base que le maillon faible c’est l’agent et que c’est sur lui qu’il faut taper à grand renfort de tableaux et de graphiques.
- Alors que nous arrêtons des délinquants toujours plus déterminés et pour lesquels l’uniforme bleu est une cible,
- Alors que nous affrontons des contrebandiers modernes aux moyens technologiques de leur siècle,
- Alors que chaque jour nous devons contrôler de potentiels trafiquants qui n’ont rien d’assujettis ou de redevables,
- Bref, quand nous luttons contre des fraudeurs du 21ème siècle, pour faire évoluer notre métier, la DG dégaine :
le LAB AURA. Voilà qui doit normalement saisir de peur les contrevenants !
- Alors que des brigades travaillent dans des zones blanches sans communication radio efficace,
- Alors que des unités font appel au privé en l’absence de quai de déchargement pour dépoter des camions,
- Alors que nos véhicules ont une capacité et une puissance insuffisantes en emportant matériel et agents pour faire du contrôle dynamique,
- Alors que les chefs d’équipe sont les boucs-émissaires de l’administration,
- Bref quand nous faisons notre travail avec des moyens et des techniques du 20ème siècle la DG dégaine
le LAB AURA. Voilà qui doit normalement saisir de joie les gabelous !
Depuis quelques mois, la DI ARA bruisse à tous les étages des expérimentations voulues par la direction générale, et testées avec comme metteur en scène le Directeur Interrégional. Ce laboratoire d’idées, qualifiées de « nouvelles », ne sont pour leur majorité que les photocopies de fantasmes que les agents de terrain ont déjà vu ressortir. Mais voilà, il faut suivre, le doigt sur la couture, les consignes venues de Montreuil, quitte à prendre le risque de casser ce qui fonctionne.
Revenons sur l’essentiel : la forme et le fond du projet.
Sur la forme, les agents et encadrants ont vu poindre à la fin de l’été des fiches de « pratiques innovantes » issues des penseurs de la DI ARA, affirmant, avec un ton péremptoire, des certitudes et des croyances. Vos représentants ont rassemblé les bribes qui dessinaient le projet du DI. Au pas de charge, il fallait mettre en place à partir du début de l’année, et pour une période de 6 mois, des pratiques sortant de tout cadre administratif, sans doctrine claire et laissant un aléa juridique conséquent sur le dos des agents de terrain. Si nous sommes tous d’accord sur le fait que nos méthodes de travail doivent être toilettées en profondeur et que la pratique doit s’adapter aux nouvelles méthodes, il n’est pas acceptable que cela se fasse au détriment des agents de terrain.
Les institutions fixent un principe général : « c’est au travail de s’adapter à l’humain et pas l’inverse ». Comme souvent, avec une guerre de retard, la DG se réveille et nous sort un gloubi-boulga sans cohérence générale où les apprentis sorciers testent leurs mauvais sorts sur les agents de terrain. Le coup de baguette peut vite tourner au coup de massue.
Sur la forme, encore, il apparaît assez incongru d’avoir organisé, alors que la France durcit ses restrictions pour endiguer une 5e vague de contamination et où les moments de rassemblement sont réduits à peau de chagrin, d’avoir organisé un grand cluster d’idées le 1er décembre (chez nos camarades de la gendarmerie ?), rassemblant tout le gratin local de la Surveillance autour de croissants et d’un repas avec une centaine, oui une centaine, de personnes bien collées serrées. ftais il fallait bien prendre une jolie photo pour la une d’Aladin...
Sur le fond, soyons honnêtes, tout le monde voit très bien où l’administration veut en venir. La grande majorité des propositions ne permettent pas de rattraper le retard accumulé sur des choses simples. On aurait aimé ne plus faire de réquisitions en papier sur l’A7, cesser de faire des pages d’écritures sur 406 papier, avoir un logiciel de rédaction des procédures efficace, remettre à jour les BOD sur le port et l’usage des armes ou sur les contrôles routiers, enfin cesser d’incrémenter quatre fois la même information sur un PVS, puis Mathieu puis le SILCF, puis OGAM, puis le sommier contentieux puis le rapport contentieux... Mais non...
Non, entre les lignes, l’agent de la Surveillance a la désagréable sensation de comprendre que les rédacteurs de ces fiches le considèrent comme un profiteur à la petite semaine, grassement payé à dormir, que celui-ci doit sans délai et surtout sans surcoût pour l’administration, faire le boulot des agents de la DOD, sans le cadre administratif et sans les primes, à savoir : recruter des aviseurs, qu’il entretiendra sans cadre administratif ni sécuritaire et sur son temps personnel, intercepter des convois, jusqu’alors de la prérogative de la DNRED et de son GSO, être d’astreinte opérationnelle et contentieuse (mais pas trop, parce que sinon il faudrait payer) ,et surtout, surtout, faire plus de nuits !
C’est une rupture du contrat social entre les strates hiérarchiques de la douane qui semble se dessiner. On ne peut pas changer les règles du jeu et bouleverser les équilibres de vie personnelle de centaines d’agents sur la base de croyances populaires dignes d’une émission de W9 !!! Les statistiques disent exactement l’inverse de ce qu’affirme le DI : les contentieux d’envergure majeure sont réalisés quasi exclusivement entre 6 heures et 22 heures sur la DI ARA. La nuit est en revanche propice aux oppositions à fonction, de celles dont la direction générale a diminué drastiquement la couverture pour les agents au titre de la protection fonctionnelle. S’il s’avérait que les brutales consignes de gestion des agents qui se dessinent devenaient réalité, il appartiendrait aux agents de prendre également les dispositions qui s’imposent pour être compris. Attention à ne pas faire tourner ce ressenti de mépris à l’avis de tempête !
NOUS INSISTERONS AUPRÈS DE LA DIRECTION GÉNÉRALE POUR QU’ELLE PRENNE ACTE DE NOS REVENDICATIONS ET QU’ENFIN ELLE LES CONSIDÈRE SÉRIEUSEMENT.